Histoire

GAEL d’hier à aujourd’hui


Le nom de la paroisse à l’origine de la commune viendrait du celtique « waddel » qui signifie : gué. L’appellation est plausible, le bourg surplombe la rivière du Meu, et deux ponts l’enjambent à quelques centaines de mètres; route de Paimpont et de Mauron. Ces ponts ont très certainement suppléé les gués au fil du temps.

Dépôt de Boriga à Gaël. Haches à rebords du type de Tréboul.

Toujours est-il que l’on rencontre l’appellation : Guadel en 799 et 1024, Wadel en 814, Wael en 1096, Gael en 1112 et 1152.

Mais bien avant qu’un nom ne soit attribué à son territoire, Gaël était déjà un lieu de vie. Quatre dépôts de haches de pierre polie ont été localisés sur la commune, deux de ceux-ci dans le bourg. On peut considérer que le surplomb du Meu était occupé au néolithique ainsi que sa vallée, les deux autres dépôts étant proches de la rivière.

Trois dépôts de haches de bronze attestent de la continuité de l’occupation du territoire par les hommes préhistoriques. Ces dépôts sont constitués de haches à rebords, de haches à talons (bronze moyen) et de haches à douilles (bronze final). Ils attestent aussi d’une colonisation du terrain plus vaste, leur site de découverte n’étant plus directement lié au Meu

Dépôt de la Ville Roux à Gaël. Hache à rebords et haches à talons.

Plus tard il y a eu très certainement une occupation plus ou moins ténue des celtes, gaulois et des romains. La limite entre Gaël et Muël est une ancienne voie romaine reliant Corseul à Rieux. L’archéologie aérienne a révélé de nombreuses traces  de sites apparentés aux gaulois ou gallo-romains sur la commune.Gaël est une ancienne paroisse primitive dont le territoire englobait les terres de : Le Bran et Muel, qui étaient des trêves, de Saint-Onen-la-Chapelle, Le Crouais, Saint-Méen-le-Grand, Concoret, Saint-Léry, Mauron, Illifaut, le Loscouët-sur-Meu, Trémorel, et Saint Jouan-de-l’Isle. Aujourd’hui seul le Bran est resté dans son territoire. Le Bran était paroisse jusqu’en 1964 date du départ de son dernier desservant qui ne fut pas remplacé. Muël ne sera reconnue paroisse qu’en 1803 après quelques péripéties, alors qu’elle était devenue commune en 1791.

 

Aux VI et VII ème siècle, Gaël (Wadel) aurait été la capitale de la Domnonée. (Selon Alain Bouchart (1478-1530) dans ses Grandes Croniques de Bretaigne.)

Ce royaume avait été fondé par Riwall vers l’an 500, il s’étendait du Couësnon jusqu’à l’Elorn et était constitué par : le Pays de Dol, le Trégor, le Goëlo, le Penthièvre, et le Léon. Autrement dit entre Pontorson et Le Conquet, façade maritime nord, et une ligne allant de Pontorson jusqu’au Conquet en passant par Redon (35), Pontivy (56), et Landerneau (29), pour la limite terrienne sud. Au VI ème siècle le roi Hoël appelé roi des Bois « Rex Arboretanus » y aurait établi sa capitale. Ce qui est incontestable, c’est que Gaël est situé au coeur des vastes forêts du Poutrécouët.

Emplacement du château de Gaël. Peut-être celui du castrum de Gleudennus Judicaël

Au VII ème siècle c’était une résidence royale qu’habitèrent successivement Juthaël, père de Saint Judicaël, Judicaël lui-même, et plus tard Erispoë. Leur château situé au bord du Meu était sûrement constitué d’une motte féodale. Le quartier ouest du bourg s’appelle encore la Motte. Détruit sans doute lors des invasions vikings et normandes il fut reconstruit un peu plus au sud du bourg ; le cadastre napoléonien en mentionne son emplacement. Il surplombait le bief qui amenait l’eau au moulin, qui devait être banal et plus tard au moulin à tan. Une tannerie existait encore au XIX ème siècle, et le moulin de Gaël à fonctionné jusqu’aux années 60.

En tant que paroisse Gaël existe également depuis bien longtemps.

Saint-Méen (moine gallois) arrivé en Domnonée avec Saint-Samson qui fonda Dol vers 548, fut envoyé vers le Comte Waroc du pays vannetais dont la vie était troublée par le chef breton Conomor. Sur les bords du Meu il rencontra un petit chef breton du nom de Caduon qui s’était constitué un vaste domaine en défrichant la forêt de part et d’autre de la rivière. Ils deviennent amis.

Au retour de sa mission Samson l’envoya pour fonder un monastère sur les terres de Caduon vers 550. Ce monastère dédié à Saint-Jean-Baptiste deviendra Saint-Jean de Gaël. Saint-Méen y mourut le 21 juin de l’an 617. La création de la paroisse ne dut pas tarder. Au VIII ème siècle après que les troupes de Charlemagne eurent ruiné l’abbaye de Saint-Méen, le grand empereur voulant réparer le désastre confirma les moines dans la possession de l’église et de la paroisse de Gaël (Carolus Magnus concessit Deo et S. Judicaelo ecclesiam de Guadel cum tota plebe)

L’abbaye de Saint-Méen fut confirmée ensuite dans la possession de Gaël par le duc de Bretagne Alain III, qui lui donna en 1024 l’église et le cimetière de Gaël. (Totam ecclesiam de Guadel cum toto cimiterio). Et en 1292 par le pape Célestin III.

L’ermitage fondé par les moines de Saint-Méen deviendra le prieuré de Gaël. Le petit îlot situé au nord de l’église actuelle s’appelle encore le Prieuré. C’est sans doute une trace du passé.

Un marché au Moyen Âge

Autour du Château et du monastère s’établit une vie économique. N’oublions pas qu’une voie romaine passait à proximité de Gaël. C’était déjà un lieu de passage avec des échanges commerciaux. Cette vie économique se traduit par la création de foires et marchés. Nous en retrouvons trace en 1008 ou l’antériorité du marché de Gaël par rapport à celui du marché de Saint-Méen est contestée par une charte additive rédigée quelques années après le rétablissement de l’antique abbaye par le Duc Alain III.

 

A la restauration de la Bretagne au XIème siècle, après les invasions vikings et normandes le château dut être reconstruit en dur. Il vit naître la famille des sires de Montfort, dont le plus illustre, Raoul de Gaël seigneur de Montfort fut compagnon de Guillaume le Conquérant lors de la conquête de l’Angleterre à laquelle il contribua puissamment. Ayant voulu détrôner Guillaume le Conquérant, il est chassé d’Angleterre et revient sur ses terres de Gaël. Raoul de Gaël est mort lors de la première croisade, à laquelle il participa accompagné de sa femme et de son fils Alain. Aucun ne revint de celle ci.

Bertrand Du Guesclin

Le château de Gaël fut pris et détruit par Bertrand Du Guesclin en 1372. Il ne fut pas reconstruit, seul son emplacement subsista jusqu’au XXème siècle.

Les barons de Gaël avaient au bourg : un auditoire, une cohue, une prison, un cep et un collier. De plus ils possédaient un droit de haute justice et un droit de quintaine. La baronnie de Gaël devait s’étendre sur plus de quarante paroisses (M. de la Borderie). Les derniers barons de Gaël habitaient le château de Comper (abbé Guillotin de Corson).

Au XV ème siècle Gaël appartenait toujours aux seigneurs de Montfort. En 1466 Jean de Gaël épousa Anne de Laval et de Vitré. Il prend par la suite le nom de sa femme et devient Guy XIII de Laval. La seigneurie devient propriété des familles : de la Trémoille, ducs de Thouars (avant 1626),  Rosmadec seigneurs de Saint-Jouan-de-l’Isle (en 1626), De Quelen Françoise veuve de François de Montigny seigneur de Beauregard (en 1698). La baronnie de Gaël restera entre les mains des marquis de Montigny jusqu’en 1789.

Durant la fin du moyen age et jusqu’à la révolution peu d’évènements ont été marquants et peu ont laissé de traces à Gaël en dehors des changements de familles à la tête de la seigneurie puis de la baronnie.

1789 : Gaël vécut la période révolutionnaire sans trop de troubles, ni de désagréments. La paroisse rédigea un cahier de doléances qui fut arrêté le 31 mars 1789. Nombre des signataires du cahier ont encore des descendants à Gaël.

Il était rédigé pour la paroisse et ses trêves de Muël et du Bran. Sa population était de 2308 habitants au dénombrement de 1794. En 1798 celle-ci était de 3863 habitants mais la trêve de Muël avait été incorporée.
Cormier, rendu célèbre parce que mêlé à l’évasion de Louis XVI en 1791, séjourna à Gaël au début de la révolution. Mathurin Clouet alors recteur de Gaël et son vicaire, réfractaires dûrent se cacher. Cosme Perruchot desservant de la trêve du Bran et Joseph Jollive officiant de la trêve de Muël, également réfractaires en firent autant.

Carte postale de la rue de la Gare à Gaël

René ( ?) Nogues fut nommé constitutionnellement en remplacement de Mathurin Clouet le 1er octobre 1791.

A la fin des hostilités Mathurin Clouet, Cosme Perruchot, et Joseph Jollive reprirent leur apostolat dans leurs anciennes paroisses.

Le premier maire de Gaël s’appelait Olivier Guérin, il mourut en 1795, il était favorable aux catholiques.

Gaël sera peu concerné par les chouanneries de l’hiver 1793/1794 à 1796 et de 1797 à 1799, bien que nombres d’escarmouches eurent lieu sur ses frontières. De même pour la guerre de 1870.

Cet assoupissement ne sera troublé que par l’arrivée du chemin de fer vers 1880, et la construction de la gare.

Carte postale de Gaël – Ancienne cité du roi Judicaël

L’installation en 1906, d’un jeune artisan charron du nom d’Ernest Guillotin allait faire connaître Gaël dans une grande partie de l’Europe. Son génie inventif en créant ses propres modèles : batteur de céréales (1912), batteuse vanneuse (1921), puis moissonneuse-batteuse (1931), lui fera construire une usine dans le bourg. Cette  usine livrait 2 batteuses par semaines en 1936. L’activité de l’entreprise s’arrêtera en 1971, l’ère du machinisme à grande échelle l’avait submergée.

Avant que le début du XX ème siècle ne voit Gaël plonger dans la tourmente de la grande guerre. 125 de ses enfants ne reviendront pas, (111 pour Gaël et 14 pour le Bran). Et beaucoup reviendront mutilés dans leurs chairs et leurs personnalités.

 

Les conséquences du premier conflit mondial fera Gaël accéder au modernisme ménager. Le prix de vente des terrains de la Croix aux Blancs de Point-Clos, achetés par l’armée de l’air en 1921, permettra la mise en place de la première adduction d’eau dans le bourg.

Le camp de Point-Clos en 1930

L’armée de l’air construira le camp d’aviation, qui sera le seul à l’ouest d’une ligne Le Havre/Bayonne. Il est vrai qu’après 14/18 il fallait défendre la ligne bleue des Vosges. Ce terrain d’aviation servait également de base aérienne au camp de Coëtquidan, dont il dépendait d’ailleurs pour son approvisionnement et sa gestion.

Point Clos recevra la visite dans les années 1930 des aviateurs COSTES et BELLONTE auteurs de la première traversée de l’Atlantique d’est en ouest, et de Joseph Le BRIX détenteur de record aéronautique, et auteur de la première traversée de l’Atlantique sud.

Avion Bréguet en manoeuvre à Point-Clos en août 1931

1939 deuxième conflit mondial, le terrain sera occupé par l’aviation allemande le 17 juin 1940. La Luftwaffe y séjournera jusqu’au 3 août 1944 date de la libération de Gaël. Entre temps le camp aura subi de nombreux bombardements. En 1942 et 1943 ce sont les chasseurs bombardiers de la RAF (Royal Air Force) de type Mosquito qui furent meurtriers pour les pilotes allemands et leurs hommes de troupe. Ces chasseurs attaquaient en piqué et rase-mottes. En 1944 avant le débarquement ce sont les bombardiers lourds (B 17 ou B 25) de l’USAF (United States Air Force) qui opéreront avec des lâchers en altitude. Ces lâchers auront peu de précision et occasionneront des dégâts sans faire de victimes civiles.

Gaël ne déplorera qu’une seule victime civile des bombes, lors d’un raid aérien sur la ligne ferroviaire la Brohinière/Questembert. Gaël libéré le 3 août 1944 par les troupes américaines, L’USAF prenait le contrôle du camp

Attaque sur Point-Clos du 24 mars 1944 © Australian War Memorial Negative Number SUK12006

le 11 août, elle y séjournera jusqu’au 21 septembre 1944. L’armée américaine partie, un vaste programme de nettoyage du terrain et de ses annexes sera entrepris sur les années 1945/1946 par l’entreprise Rol-Lister de Rennes. Ce nettoyage consistait au retrait des munitions laissées à l’abandon, déminage, comblement des trous de bombes. Des trois hangars initiaux, un seul avait échappé aux bombardements. Il sera démonté dans les années 1950 pour être remis en service pour le GAEL (Groupement Aérien d’Entraînement et de Liaison) sur la base de Villacoublay. Le GAEL est devenu depuis l’ETEC qui est responsable de l’Airbus présidentiel. L’ETEC a aussi la responsabilité de tous les déplacements aériens présidentiels, ministériels et des missions diplomatiques et humanitaires de la France.

 

Depuis les traces de la guerre ont été gommées, effacées en grande partie par la forêt domaniale, le camp ayant été vendu à l’ONF (Office National des Forêts). Seuls subsistent l’arboretum planté par le commandant Ernst, allemand féru de botanique et quelques ruines des bombardements.

En 1960/1961 l’ONF laboura et ensemença les terrains acquis en pins maritimes qui arrivent à maturité.

La commune de Gaël paiera également son tribut pour les conflit coloniaux  avec un mort au Tonkin, et une victime pour les opérations de pacification de l’Algérie.

Depuis le dernier conflit mondial et jusqu’en 2006/2007 Gaël était resté une commune rurale. Après le déclin de l’usine Guillotin, l’activité était essentiellement agricole avec des éleveurs de qualité : laitiers, bovins, porcins voir avicoles, mais peu industrialisée. La construction de la plateforme logistique EASYDIS a fait passer Gaël dans un environnement plus ouvert sur l’extérieur et dans une activité moins axée sur l’élevage et l’agroalimentaire.

La main d’œuvre locale de la plateforme logistique peut s’enorgueillir de travailler aujourd’hui pour l’exportation.

A l’origine Gaël était un lieu de passage, un gué, un carrefour, un lieu d’échange. La plateforme logistique replace de nouveau notre commune dans ce contexte de carrefour d’échanges et de passage, retour de l’histoire dans une ère nouvelle !

 

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